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Autisme mon amour! JE est un autiste!
17 février 2017

Parole (texte de haute voltige par un Asperger)

 

Parole



Ci-dessous, un long texte que j'aurais voulu partager au tremplin auquel je participai avec mon groupe Aube de l'Etoile interprétant deux chansons (Différences et Debout), mais cela ne cadrait pas avec les circonstances. Une partie de cette lettre parlait d'Emmanuel Macron... (sur lequel j'ai créé un blog - http://passionmacron.canalblog.com/)

Mais ce texte dépasse largement ce sujet, il représente avant tout la vision de l'Asperger que je suis. Je ferai une remarque sur les premiers mots que je biffai par la suite, «« La logique va faire que je vais gagner ce tremplin ». Pouvant passer pour prétentieux, il était en lien avec un ressenti: outre la principale raison dite dans le texte tout s'était enchaîné tellement vite, entre la rencontre de mes musiciens et la participation au tremplin par l'intermédiaire de l'un d'eux, et c'était pour moi la résultante logique de tout mon parcours jusqu'à ce point, et mieux, je pensai même que l' « Univers » m'avait donné rendez-vous, ayant toujours répondu à la demande de Celui-ci : servir mon âme.. Or, ni le jury, ni le public dans sa très grosse majorité n'exprima son « coup de coeur » pour Aube de l'Etoile, et pour cause ! je n'avais pas compris que notre groupe avait été choisi dans un esprit d'ouverture, mais qu'il était « hors contexte » (le tremplin étant plus du format « The Voice », avec principalement des reprises), donc le vote fut consensuel. À cela ne tienne, deux articles ont paru à la suite dans deux secteurs différents du Courrier de l'Ouest et faisant la part belle à mon portrait, à mon parcours, avec une belle photo de moi, tendant les pouces, bras écartés. Cela ne valait-il pas tous les « coups de coeur » ?

Enfin sans plus tarder, voici « Parole » (qui montre une pensée arborescente très "Haut Potentiel").


[La logique va faire que je vais gagner ce tremplin. Car ] Ce n'est pas seulement un talent que je porte en moi, mais une Parole, et cela répond à une demande de la communauté humaine. Je suis avant tout au service de mon âme, et ce n'est que dans cette mesure que je servirai la communauté humaine. Il faut faire un bon « micro service » pour faire un bon « macro service ». Micro et Macro, Intérieur et extérieur sont liés, interconnectés, et nous sommes tous interconnectés, de même que le sont les arbres d'une forêt.

On est à un tournant de notre histoire, pas seulement à échelle nationale, mais européenne et mondiale. Ce ne sont plus seulement des nations qui sont en jeu, mais la vie de l'humanité et de la Terre. On ne peut vivre qu'en bonne intelligence avec la Terre et entre nous, l'erreur fut instructive.

Plus rien est à démontrer ; tout est à repenser. Et à refaire en fonction d'une optique nouvelle. C'est une question de volonté politique et économique (puisque l'économie domine la politique, qu'elle est «le nerf de la guerre », comme on dit).

Les attaques terroristes, le phénomène jihadiste, met en lumière un échec global de notre civilisation globale : la perte de sens est le premier fléau à redouter, et c'est notre civilisation qui l'a semé et sur laquelle prolifèrent les sectes. Les sectes naissent sur un terreau d'insatisfactions profondes liées à cette perte de sens ; l'homme est un animal de Sens, il n'a pas seulement des sens, il a besoin de Sens pour vivre. Et ce sens est au cœur de l'art, au cœur de la spiritualité (sans parler de religions qui ont tant divisé, et continuent souvent à le faire, alors que le mot vient de « relier »). Et le terrorisme de ceux qui se revendiquent de façon impropre «islamistes » (puisque l'islamiste est originellement le spécialiste de l'Islam) est, il faut bien le dire, une secte. Et des plus dangereuses.

Celui qui vous dit cela a vécu de sa naissance jusqu'à ses vingt deux ans dans la communauté des Témoins de Jéhovah, qui se revendique comme religion et a été appelée comme telle en Italie, mais qui est réellement une secte, même si elle paraît pacifique et relativement innocente, même si à priori elle ne fait pas de morts : elle divise des conjoints où l'un des deux est Témoin de Jéhovah, déchire par conséquent des familles, elle rejette le monde, qui appartient pour elle à « Satan le diable », elle croit en un Dieu « jihadiste » en puissance, exterminant ceux qui ne le suivent pas, tous les «infidèles », ou « mécréants » pourrait-on dire, lors de sa grande guerre appelée Har-Maguédon (mais un Dieu « tout puissant » qui n'a pas le pouvoir de changer le mauvais en bon est en vérité un impuissant), elle joue sur les peurs, la culpabilité, elle lave le cerveau, etc. En somme, Daech est une secte, les terroristes sont des endoctrinés, des lavés du cerveau. Pour comprendre le phénomène sectaire revêtant beaucoup de formes, il faut lire Les Sectes Mangeuses d'Hommes (comprendre le phénomène sectaire totalitaire) de Max Bouderlique, sorti en 1999. On repensera aussi à la jeunesse hitlérienne. Pour dire que l'éducation est tout. On éduque le cerveau pour le meilleur ou pour le pire. Les extrêmes, les sectes, ont ce point en commun qu'ils récupèrent l'insatisfaction générale à leur profit, que la peur est leur moteur, et non pas l'amour. Il n'y a aucune chance pour que des chansons comme Différences et Debout deviennent des porte-parole du Front National et pour cause !, alors qu'il y en aurait de grandes pour qu'elles deviennent celui du seul parti auquel je crois aujourd'hui : En marche ! Alors que j'avais perdu foi en les politiciens après les élections de 2002. On se souvient de ce terrible choix qui était en réalité un non choix. On n'en avait plus. La France ne se relèvera pas avec des solutions qui n'en sont pas. Donc, en 2017, votons intelligent. Ayons du discernement (conscients que les médias aussi peuvent aveugler, capables du meilleur comme du pire...). Ce n'est pas un sourire, en réalité un faux sourire, qui doit nous faire voter tel ou tel parti, et encore moins des idées qui sont du poison. Il faut jauger les visions et les programmes, les passer au crible du discernement. Les affichages politiques des artistes me rendent un peu perplexes, même l'utilisation de vidéos contre Trump, lors de concerts de U2, mon groupe de jeunesse et que j'écoute et admire toujours (pour l'exemplarité de leur groupe qui n'a pas plongé dans la drogue, et qui sont restés toujours soudés, même dans l'épreuve, jusqu'à sortir des bijoux comme One) . Je crois que les artistes devraient moins servir de pièces à convictions politiques. Alors comme ça, les fan de U2 vont voter Hillary, et les fan de ZZTop vont voter Trump ? À quoi ça ressemble ? Si un artiste doit influer, le mieux est qu'il soit inconnu comme moi, il faut l'écouter de par son intelligence et non de par sa célébrité, par amour aveugle de fan. Car un artiste peut être très bon dans son domaine, et un piètre guide en choix politiques. Je ne mets pas en doute l'intelligence de Bono, le leader de U2, mais s'attaquer de front à Trump à travers une vidéo passant en boucle celui-ci disant tels mots, ce n'est pas le plus judicieux en matière politique. Ça s'est plutôt retourné en faveur de Trump. Peut-on une seconde imaginer semblable concert de Johnny Halliday contre la candidate du Front National ? Ce serait non judicieux tout autant. En revanche, pas de doute, il y en a une qui en rêverait d'un Johnny Halliday pour «allumer le feu » pour son parti...

Globalement, nous sommes en profonde mutation civilisationnelle, sans quoi on ne pourra même plus parler de civilisation,  puisqu'il n'y aura plus d'humanité sans cette nécessaire mutation.

On a longtemps cru que la loi du plus fort était profitable. À court terme, oui, mais pas à long terme. Pour le salut de l'espèce humaine et de la Terre, tous deux étroitement liés et le sort de chacun étant entre nos mains, il est venu le moment de penser à long terme. L'autiste incarne la loi du plus faible, lui qui est le plus fort souvent dans son domaine : il peut paraître tellement niais.

Sur l'apparente idiotie des autistes, j'y reviendrais. Mais, la force de l'autiste c'est de penser à long termes. Et c'est ce qu'il y a de plus payant.

Il serait bon que la loi du plus faible entre dans nos cœurs. La vraie force consiste à faire en sorte que le plus faible trouve sa place et sa force en lui. Ce qu'on appelle les « puissants » de ce monde, sont au fond de grands impuissants, pour la majeure partie d'entre eux. Comment peut-on réellement être au service du plus faible lorsqu'on exerce le pouvoir par amour du pouvoir et de l'argent qui va avec? Un vrai chef doit être au service de la communauté humaine. Il n'y a pas d'un côté le peuple et de l'autre une élite. Tout est peuple. Tous on fait partie de la communauté humaine, qui n'a rien à voir avec un quelconque communisme. Je crois en un « individualisme » altruiste. Ou un « individualisme » communautariste. Car l'individu est la cellule de la société, source de changement lorsqu'elle est pleinement réalisée.

Je reviens à la loi du plus faible. Cette loi du plus faible aujourd'hui est grandement incarnée par les autistes. Les autistes Asperger, capables de communiquer verbalement avec les autres, sont une chance pour mieux nous comprendre, pour jeter des ponts entre non autistes et autistes, et vice versa. On se rend compte que le « faible » a des forces souvent insoupçonnées (il faut se méfier de l'eau qui dort, comme on dit) et le « fort » a des faiblesses souvent méconnues, volontairement cachées, et ce n'est pas vraiment bénéfique pour la communauté humaine.

Ce que je dis est le fruit de longues observations depuis enfant de ce qu'on appelle maintenant en neurologie les « normaux pensants » qui constituent la majeure partie de la population et auxquelles je me suis tant bien que mal conformé, du moins j'ai essayé, au prix de grands efforts qui n'ont payés que dans la capacité à être devenu un homme porteur d'un handicap invisible : c'est ce qui fait qu'aujourd'hui je parais de prime abord plus «normal » qu'autiste. Mais de même qu'on ne peut pas transformer la planète Terre en cube, on ne peut transformer un autiste en non autiste, en « normaux pensants »). Les autistes sont comme des gauchers dans un monde de droitier. On a essayé de me faire écrire de la main droite. On a pas réussi. La loi du plus grand nombre peut devenir pernicieuse, voire dangereuses, et des proverbes comme «L'exception confirme la règle » en sont l'illustration : cela réduit les minorités à se taire. Si les autistes sont des exceptions (à raison de 1% de la population), elles infirment plutôt la règle.

Je reviens à l'idiotie. Excusez-moi du mot, mais combien d'autistes Asperger ont été traités de « gogol », ce qui en passant est une insulte aux mongoliens qui apportent beaucoup par leur présence, et sont des cadeaux dans des familles, maintes familles pourraient en témoigner.

Les autistes, les Asperger précisément, c'est ce qu'on appelait avant un idiot. Maintenant on sait que l'idiot du village était autiste Asperger. C'étaient au fond les plus chanceux dans la famille des autistes. On ne parlera pas du sort des autres, qui n'avaient pas cette chance de pouvoir parler et dont les conditions extérieures ont empêchées le développement de leur potentiel...

J'ai évoqué les mongoliens. Il y a des points communs entre eux et les autistes : tous deux sont dans l'être plus que le paraître et se foutent du regard extérieur. Pour l'autiste, la question « être ou ne pas être » se transforme en  « être ou paraître », - telle est la question. Et la réponse pour eux eux est du côté de l'être, parce qu'ils ne peuvent être précisément autrement que ce qu'ils sont, et ne peuvent paraître sans se trahir, sans se casser. Cependant, l'autiste Asperger veut être accepté par les autres tel qu'il est et il n'y arrive pas. Il se donne des moyens, il fait des efforts titanesques pour s'adapter (chose dont sont incapables les mongoliens et auxquels on ne le demandera d'ailleurs jamais parce qu'on leur handicap est visible) et il ne devient, l'autiste Asperger, qu'un caméléon. Influençable, il deviendra autre, du moins tentera t-il, car il n'y arrivera pas sur du long terme. Ça tourne court. Bientôt son «anormalité » éclatera sur sa figure et éclaboussera tous les « normaux » autour, qui persuadés de son « anormalité », le rejetteront. Tout ce qu'il arrivera, c'est de s'écraser au lieu de s'imposer naturellement par son intelligence requise mais qu'il cache tellement qu'on en a pas l'idée. Le problème est le même que chez le Haut Potentiel (avec qui il partage de grands points communs, au point que j'ai été diagnostiqué tel par ignorance de mon quotidien) ; le Haut Potentiel, ce qu'on appelle un «surdoué » (mot à prendre avec des pincettes, s'il n'est pas à bannir, mais « Haut Potentiel » est aussi trompeur, si on ne sait pas qu'il s'agit de haut potentiel intellectuel, et qui a tendance de ce fait à sous-estimer les « haut-potentiel » manuels, sauf que quand on parle de « Haut Potentiel », on parle davantage d'un fonctionnement global que de capacités exceptionnelles qui vont avec). Ce même problème est qu' il préfère se cacher, se taire. « Moi haut potentiel », se dit-il étonné? Il a tendance à croire que tout le monde a ses capacités intellectuelles et fonctionne comme lui, hors même qu'il se sent en décalage. Son potentiel aura été réduit par un système scolaire étriqué, qui veut faire rentrer dans un moule où il ne peut pas rentrer. Encore une fois, pensez à la planète Cube! Ce système ne sert personne, au fond. On va culpabiliser et rabaisser le « cancre », on va inconsciemment mettre en place un système de compétition individualiste et égoïste sans foi ni loi, on va de même instaurer un système d'exclusion. Cette compétition à outrance et l'exclusion vont de pair. Le Haut Potentiel ou Asperger va être rejeté d'être une « tête » parce qu'on honore les capacités intellectuelles au détriment des capacités manuelles qui sont tout aussi honorables et gratifiantes (il a fallu une tête - un architecte - pour concevoir une cathédrale, mais des centaines de mains pour la construire, et sans pain, l'artiste ne peut créer...) L'intellectuel Asperger ou Surdoué va être doublement pénalisé dans son intelligence exceptionnelle que celle-ci ne peut être pleinement potentialisée, et plutôt le contraire, dans le moule imposé. Pour survivre, m'oxygéner, je devais assouvir mes passions, moi qu'on appelait le cosmonaute tant je rêvais, je devais sacrifier mes devoirs scolaires. Si tel travail demandé me passionnait, genre un devoir sur un sujet qui m'intéressait ou un dossier à faire sur un sujet de mon choix (ainsi ai-je fait un dossier sur Jules Verne au lycée) j'y consacrais un temps démesuré qui empiétait sur le reste, sans que je puisse faire autrement.

C'est pour cela que je n'en veux à personne d'avoir été rudoyé, brimé à ce point (enfin pas à à un trop haut point, on le voit, et on a compris pourquoi) mais qu'aujourd'hui je dis le malaise, le dysfonctionnement, c'est mon devoir; il est temps pour moi d'ouvrir les écluses...

Avec Différences, je vais bousculer la standardisation radiophonique. On ne comptera plus en temps mais en cœur. En espace cœur. La musique que j'offre va au-delà de la musique ; c'est « de l'âme pour l'âme » comme disait Arthur Rimbaud poète. Ce qui est relativement pauvre musicalement est riche en âme, ça vibre, alors qu'il y en a beaucoup qui se réfugient derrière la technique, le « professionnel », et en dehors de cela, c'est assez vide, pauvre en âme. La simplicité est souvent ce qui a le plus d'effet. Et pour cause, on ne peut échapper au pouvoir des couleurs primaires et secondaires que sont les principaux accords. Et bien faire sonner ses instruments avec ces fondamentaux, c'est se mettre sur le diapason du cœur. Et c'est de cœur qu'a besoin notre monde. D'être dans le cœur. La durée n'est qu'une notion relative, subjective. Des chansons courtes me paraissent longues et inversement des chansons longues ne me paraissent pas telles, phénomène que j'ai remarqué aussi avec les livres. Tout n'est affaire que d'alchimie. L'alchimiste du verbe que je fus sur les pas de Rimbaud est devenu alchimiste musical, le tout dans l'implication de l'être entier, dans l'alignement avec mon être, mon âme. J'ai un grand don de mélodiste qui s'est révélé sur le tard, puisque j'ai exercé mes dons d'artistes dans le dessin, la peinture et la sculpture depuis enfant, dans la poésie et la littérature en général depuis mes vingt ans, sans délaisser le reste, enfin la pratique musicale est entrée dans ma vie que dans la trentaine, ayant composé surtout depuis 2007. Et j'ai envie de dire : vois, j'ai trouvé ma voie dans ma voix (si le génie de la langue française n'est pas flagrante avec ça!) Par « voix » il faut entendre aussi «Parole ». Son véhicule : la musique, la chanson. La vision requise est celle de l'Esprit. La Voie (le chemin pour lequel il faut une boussole, un guide) la Voix (Parole) et Vois (Vision) forment comme une entité, une trinité d'une dimension cosmologique, et tout bonnement humaine, universelle. Il faut une Vision pour Parler, celle-ci ayant destination de guider soi et la communauté humaine.

Je viens de commencer ma troisième vie. Ma première, je l'ai passé avec les Témoins de Jéhovah, ma seconde a été celles marquées par la consécration à l'art, dans l'écriture principalement (tant thérapie pour moi que terrain de créativité) la poésie m'ayant sauvé, je peux le dire. Mais malgré un flot de belles œuvres tant littéraires que picturales, je n'ai jamais réussi à m'imposer comme artiste dans le monde extérieur, et je comprends mieux maintenant. Je ne regrette rien de mon parcours, pas même mon expérience première, car je l'ai positivé. J'ai discerné le positif du négatif. Dans le positif, par exemple, je peux me vanter de savoir trouver un verset biblique en quelques secondes et surtout d'avoir une culture biblique considérable, ce qui n'est pas rien pour comprendre l'Homme occidental et même l'Homme tout court.

Comme le candidat de En marche, Emmanuel Macron, je ne fus jamais « contre » qui que ce soit, mais contre des idées, et surtout pour : pour la liberté (qui a besoin de limites, de cadre, pour être réelle et constructive), pour l'amour, pour la poésie, pour la Beauté enfin. Aussi, bien que j'aurais pu, je n'ai jamais combattu les Témoins de Jéhovah après en être sorti, mais j'ai combattu indirectement toute doctrine en préservant ma liberté, moi qui fut taxé d'apostat... J'écrivis en 1998 : « Que ta foi ne soit pas le fruit de ton ignorance, mais les ailes de ta liberté acquise » (Le nouvel Ecclésiaste). J'ai surtout combattu depuis toujours pour préserver mon âme dans un monde trop dur pour moi, si bien que j'ai maintes fois voulu en partir, et que je crois même que j'ai jamais voulu y venir, sauf parce que l'humanité avait besoin de moi. C'est mon sentiment intime. C'est pour ça que je suis né autiste. Parce que les autistes sont ce qu'ils sont sans vouloir être autre chose que ce qu'ils sont et que leur différence est leur ressource, même si elle est rejetée et les fait souffrir, eux et leur famille. On ne souffre pas d'être autiste, on souffre d'être au monde, dans un monde qui n'est pas fait pour nous, même si heureusement on y trouve sujets à passions qui nous absorbent. Alors qu'on sait maintenant qu'il y au moins une personne autiste sur cent, cela doit nous faire réfléchir. N'est-ce pas la Nature qui fait bien les choses ? On sait que la Nature est intelligente et est capable d'inventer pour sa survie. Ainsi l'autisme vieux comme le monde sans doute (et le premier à avoir eu l'idée de cuire la viande devait être Asperger à mon avis, ou Haut Potentiel) n'a cessé de croître en effectif. On sait maintenant qu'on en guérit pas, que ce n'est donc pas une maladie, qu'on a un fonctionnement neurologique différent qui apporte une autre façon de voir le monde ; la minorité que nous sommes est précieuse. Sans nous et Haut Potentiel confondus, pas de Mozart, pas de Newton, pas de Einstein, pas de Bob Dylan et tant d'autres. Des pointures tant artistiques que scientifiques n'auraient jamais existé. Car comme l'a dit un spécialiste, il faut être quelque peu autiste pour être un artiste, ou un découvreur en sciences, ajouterai-je. C'est beaucoup d'heures de solitudes, coupées du monde extérieur.

Aujourd'hui on prend de plus en plus conscience de l'enjeu autistique. C'est un enjeu civilisationnel. Il se peut bien que les autistes soient une pierre de touche pour sauver le monde si on apprend d'eux.

On n'a jamais songé à transformer la planète Terre en cube : et pour cause, c'est absurde, impossible. Pourtant, on a longtemps essayé de transformer des cercles en carrés. Acharnements vains et provoquant beaucoup de souffrance de part et d'autre. Tout le monde ne peut pas rentrer dans le même moule. Enfant, on l'apprend, avec des petits moules de forme géométrique. On ne fera pas un petit gâteau rond avec un moule carré. Or si on ne peut transformer un cercle en carré, un carré en cercle, un triangle en carré, un carré en triangle, etc., chacune de ces figures peuvent s'inscrire les unes dans les autres. On peut donc vivre de la même façon en bonne intelligence, le cercle inscrivant le carré en lui, le carré inscrivant le cercle en lui, etc. chaque figure est ainsi enrichie par l'autre. Ainsi il en va de la cohabitation de différentes formes de fonctionnements incarnées par des humains, les uns qu'on appelle « autistes » et les autres « non autistes » ou « normaux », les uns à l'aise avec l'intérieur et en difficulté avec l'extérieur, les autres l'inverse.

Car au fond, on est tous à sa façon autistique, il faut le reconnaître. Si les normaux pensants reconnaissaient qu'ils sont handicapés du fait qu'il ont du mal dans le contact intérieur (à l'intérieur de soi) contrairement aux autistes qui eux ont du mal avec le contact extérieur, si on considérait que « autistes » et «non autistes »  l'on représente chacun un atout sur les deux qu'il est souhaitable de réunir en chacun, si du moins on se complétait dans nos compétences respectives, ce serait un grand pas pour l'humanité, le plus grand sans doute car au cœur de la question autistique est posé la question de la différence. La différence qu'on a essayé d'éliminer sous le régime d'Hitler à travers les juifs et autres ne peut tout bonnement pas être enrayée de la surface de la terre ; non seulement ça, mais on se rend compte que cette différence enrichit, lorsque les rapports humains sont respectueux. Être terroriste n'est pas à proprement parler une différence. On ne naît pas terroriste, on le devient. Et il y a ce qui est du domaine de l'acceptable et de l'inacceptable. Attenter à la vie d'autrui, à leur liberté sous peine de mort, c'est inacceptable. « Mourir pour des idées (ou des croyances), d'accord, d'accord, mais de mort lente », disait ironiquement le poète pour dire toute l'absurdité des doctrines, des fanatismes. Il vaut mieux être athée que religieux, on a envie de dire. Et puis, à tel ou tel terroriste :

« Qui es-tu pour m'imposer tes croyances au point que tu veuilles éliminer tous ceux qui refusent de se plier à ta loi ? Dieu ? Et Dieu les autres, t'en fait quoi ? On est des milliards à avoir son Dieu sur Terre. Heureusement qu'on est pas tous à vouloir imposer son Dieu, ou sa vision de le voir, avec un kalachnikov! Parce que Dieu avec un kalachnikov, personne n'en veut, ou que des faibles d'esprit, des paumés de la société. La société n'est pas parfaite, mais ce n'est certainement pas en se coupant de ses racines, en premier lieu sa famille, qu'on résout les problèmes, et encore moins en se faisant l'ennemi de celle-ci. Tu as droit à l'erreur, à l'errance, c'est dire que tu as droit au pardon, car on « pèche », c'est à dire « vise mal » par Ignorance, comme un enfant, car je crois en l'Amour et en la valeur du Pardon. Tu as commis des choses horribles et inacceptables en aveugle. Retrouve la Vue, mon frère. Tu es mon frère quoi que tu aies fait qui me dégoûte et me révolte. Tu es humain comme nous tous, Dieu le sait s'il faut faire appel à Dieu pour arrêter la folie meurtrière. Seul une pensée, une pensée néfaste, te fais te séparer de tes frères humains qui s'acceptent et s'enrichissent de leurs différences. » Si tu reviens, tu paieras tes actes, mais en contribuant à l'amélioration de la société ; en mettant tes dons, ton énergie au service du plus faible, comme je le fais maintenant avec toi. Car voilà ce que tu es, en vérité, toi qui t'es cru le plus fort des plus forts : tu es le plus faible des plus faibles. »

Mon Dieu, me voilà que je mets à parler comme Jésus ! Jésus n'était-il pas Haut-Potentiel, voire Asperger ? Rappelons que ce ne sont pas les romains qui l'ont condamné d'eux-mêmes : ils étaient plutôt tolérants envers les religions, les sectes (qui n'avaient pas grand chose à voir avec celles d'aujourd'hui) et tous les hurluberlus. Ponce Pilate vit Jésus comme un innocent, un doux rêveur, seule la caste sacerdotale juive le convainquit du contraire, faisant ranger la plèbe à ses côtés. La grande Inquisition a eu des prétendument « hommes de Dieu » pour commettre ses atrocités. Non, écrivant jadis que j'étais « poète de Dieu », je ne veux pas me servir de Lui, en prétendant le servir . Je préfère, être « poète de l'être » comme me le dit mon âmie Marie. Mais si l'être est le cœur de Dieu, ayant pour essence l'Amour, alors peut-être suis-je en ce sens authentiquement « poète de Dieu » (et je ne crois pas être le seul), poète de ce qui est plus grand que moi, de tous, L'Incommensurable, l'Ineffable, l'Inénarrable, propriété de personne, comme nous le sommes de personne, pas même sans doute de nous-même, car notre vie ne tient qu'à notre respiration qui ne nous appartient pas, qu'à un cœur qui bat, sur lequel on a aucun pouvoir personnel.

Entre parenthèse, c'est d'autant plus dommage que les humains se déchirent entre eux qu'ils ont le potentiel, la capacité de ne pas le faire et de vivre en paix, heureux. Ça fait tellement de bien d'être heureux et de vivre en paix. Le bien-être est essentiel pour un monde vivant en harmonie. Cela n'a pas de prix, comme la vie, comme la liberté (du moment qu'on lui donne un cadre, des limites, seule condition d'une réelle liberté qui autrement devient chaos.)

Je reviens à l'autisme. Je sais que je le suis depuis novembre 2014. J'ai intégré depuis l'association Autisme 49. Il y en a qui ne se savent pas autistes et qui ont payé toutes leur vie de ne pas être aidé dans un fonctionnement qui se révèle à la fois d'une grande richesse et qui est un handicap dans notre société d'aujourd'hui. Comme les iceberg, comme nous tous, et encore plus chez les autistes , je pense, la majeure partie de leur être est sous l'eau.

Je pense à mon encore contemporain Bob Dylan, que j'écoute en boucle dans ma voiturette (après maints essai infructueux pour avoir le permis). Je ne serais même pas étonné qu'influençables comme sont les autistes, il y en ait, Aspergers, qui se soient lancés en Syrie à corps perdus, avec zèle et grands sentiments héroïques... Enfin, cela resterait surprenant quand même, tant les Aspergers sont plutôt des personnes respectueuses des autres. Mais le pouvoir des idées ! D'une idéologie servie par une secte, une machine à endoctriner avant de devenir une machine à tuer... Des autistes peuvent se montrer tyranniques, j'en ai connu. Je m'imagine, moi adolescent, à notre époque : moi tendance mystique, moi tendance mégalomane, moi révolté comme Rimbaud (je crois même que la figure légendaire a servi pour enrôler à travers des affiches...), moi mal dans ma peau, dépressif, ne trouvant pas sa place dans la société : on m'offre l'occasion d'être un héros, quitte à mourir en martyr pour la bonne cause, et cerise sur le gâteau on me promets le paradis avec quarante vierges dans mon harem (moi le puceau en plus !...). Attends, mais moi pas passé par les Témoins de Jéhovah avant, je passais à la trappe ! Et attends, on te montre à la télé des photos de terroristes qui émanent du bonheur, qui ont la banane et à côté de ça toute une clique de politiciens à la gueule de déterrés, certes de circonstance..., mais quand même ! tu penses quoi ??... Au final, on se dit : que les apparences peuvent être trompeuses. Il y en a combien qui ont cru au paradis pour leur vie, et qui ont vécu l'enfer et l'ont fait vivre à d'autres. Tout ça à cause de grandes idées donnant droit à tout, y compris de tuer son Frère, sa Soeur, donnant le sentiment de toute puissance et son ivresse. Je repense à l'extraordinaire chanson de Bob Dylan (With God on our side : Avec Dieu à nos côtés.) C'est toujours terriblement d'actualité. J'ai envie de dire Hélas, trois fois Hélas !

Voilà, j'ai dit ce que je voulais exprimer de plus profond, simple et essentiel. Une fois, Lela, une grand-mère de cœur rencontrée en Grèce en 2001 m'a dit que je serais penseur. D'avoir été depuis enfant rêveur (une maîtresse de primaire m'appelait « le cosmonaute), j'étais destiné à beaucoup penser. J'en suis à l'heure de la récolte, du partage. L'amour de la sagesse, étymologie du mot « philosophie », est peut-être vaine ou insuffisante si on ne reconnaît pas la sagesse de l'Amour. Il est certain que je suis entré dans un âge de sagesse (même si l'âge ne suffit pas), et les circonstances m'offrent l'opportunité d'être entendu. Baudelaire disait qu'il n'y a pas de hasard dans l'art, pas plus qu'en mécanique. C'est sans doute vrai dans la vie en général.

 





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Commentaires
Autisme mon amour! JE est un autiste!
  • Quand artiste depuis 20 ans on se découvre à 42 ans autiste, il vaut mieux l'accepter et même l'aimer. On trouvera des articles avec vécu et réflexions, et + tard un livre montrant ma vision de Rimbaud: "JE est un autre"... devient "JE est un autiste"...
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